Lorsqu’on voyage au milieu du doute et du sublime afin de revoir les simples clichés et les mots qui devront nous imprégner, nous comprenons que nous sommes tenues du destin d’être espace et sujet en même temps. L’homme que je suis sans territoire, apatride et exilé, nomade et explorateur ne demande jamais l’espace qui doit le recevoir, l’accueillir si ce n’est que mon acte photographique et mes pensées, il m’est tenu de servir par et de ma plume photographe, de conter des histoires, d’illuminer des traversées de dunes ensoleillés, les rizières des conflits qui subjuguent chaque jour en ma mappemonde. Ma mappemonde qui n’est le regard que j’aie de l’autre !
Aujourd’hui je ne constate que chaque bout de quotidien dont je me plais à voir en profondeur ne reflète que le pénible sort que mon humanité est vouée. Sort du marginal, sort du fou, sort du marchand de bois, sort du marchand de balai, sort des enfants au coin de la rue, sort des hommes de théâtre qui s’exhibent au nom de la poésie et de la prose pour dire leur quotidien, sort des sans-abris, sort des madan-sara, sort des étudiants que le gouvernement fusille, sort des politiciens, sort des opposants du régime néo-duvaliériste qui disparaisse, tous ceux-ci rentrent et demeurent dans un silence chahuté dans mon obturateur.
Je meurs faute de silence de ne plus rien dire. De mon arbre pathologique, je n’ai que mes pieds frappés de nomadisme et jeux circulaires pour amplifier les rages de mon engagement envers moi-même. Ce matin, je serai à la rue Vaillant frappé d’apoplexie de l’état de nos rues quotidiennement. Ce midi, je serai à la rue de l’enterrement jugé au point mort. Ce soir, je serai à la rue carbone, impasse résurrection.
Par mon non-stop je décide de voir, de parler, de transporter l’imaginaire de mon trou noir, de transfuser le sang des sans-papiers, le sang des mutilés pour écrire témoin et acteur de cette vie quotidienne des africains égarés de leur terre d’Afrique. Le quotidien Haïtien est ce qui montre les traversés massives des résines de la traite des blancs étrangers en leur propre terre. Je ne suis ni étranger à aucune Terre, car je n’en ai guère. Seulement bohémien à toutes frontières et avenues, rues et ruelles.

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