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Des huttes marines pour se satisfaire!

Ce quotidien génère beaucoup d’argent à l’angle des rues superposées, ce qui donne aux proxénètes et aux corps si sensuels l’expérience de se sexualiser. À quelle fin se prostituer ? Pour le quotidien aux coins des rues, des avenues…
À une quinzaine de kilomètre de Port-au-Prince, tournant vers la route nationale 2 qui dirige les habitués au sud-est (Jacmel), au sud du pays (Cayes), et bien d’autres villes ; des huttes, des abris montés à même des sacs, des tôles en houilles, et campés sur des brancards en sillons ces humains partagent leur sexe en échange de l’argent. Ce rapport sexe et argent qui donne un dividende qui n’est autre que le plaisir. Me demandant si les deux jouissent-ils de leur aventure momentanée ?


Ce profit qui met les 2 gens à un consensus seulement dans une approche utilitariste, est-il le fait inscrit dans un cadre moral ? Que jouira ces gens et comment seraient leur quotidien si la morale était en jeu ? Combien d’entre eux qui pensent que leur corps se résume à un objet sexuel ? Je me pose la question : « Que jouissent-elles en se sexualisant ? ». Auront-elles un part de plaisir dans cette pratique purement utilitariste et résumant l’idéal du corps à une valeur marchande ? Une telle pratique condamnée par la morale kantienne et dans la bible. Contrairement à d’autres lieux dans les pays du sud, mon pays que voici (un texte poétique de la littérature haïtienne) ne tient pas à une pratique au coin des bordels, des cafés où se libèrent les pulsions sexuelles si nombreuses que des grains de cailloux se tiennent aussi par des homos, des bisexuels.
Seulement des filles partagent ses huttes pour se sexualiser afin de trouver leur quotidien contrairement dans d’autres pays. Elles sont filles d’hier, les prostituées d’aujourd’hui, les mères du lendemain. Et bien aussi des pères de demain sans ménage dans la famille. Au seuil d’une conception kantienne de la morale, nous verrons que cette pratique est contraire au principe de l’universalisation de celle-ci, au bien que la prostitution devient une limite à celle-là. Ces filles du sexe, elles sont les liens tissées au bord des pères et des enfants qu’elles possèdent afin de les nourrir. Certaines d’entre eux possèdent un toit familial dont elles jouent le double rôle dans le ménage et dans la vie de ce qu’elles ont.
Ces huttes qui consomment le sexe des deux genres, ceux-ci gardent la mémoire, le passage de bien des ouragans de duel, de tuerie, de vol, tous se combinent à ces lieux dont ces taudis, ces forts qui supportent les secousses au coin des éjaculations précoces ou éreintantes. Delà on entend le bruit, la brise des vagues, des huitres qui se concoctent la veine des proies, des dominos, des jeux de carte, de hasard, de la baignade des corps envoûtant par des sous-vêtements de velours attirant même l’animal marin qui se guette au mauvais pas, tous se font de très près.
Ce lieu des huttes du sexe est un lieu froid de la commune de Gressier (Zone se trouvant dans le département de l’ouest d’Haïti) dans cette localité de Lambi, cette localité où se gesticule plus d’un des faits sinistres. C’est un lieu arrogant dans des heures du jour mais serein le matin et des heures de la nuit ou seules les bayahondes (arbre tropical comportant des pics pointus) et la mer se font l’amour pour un paysage calme. Au bord des huées la senteur d’hommes et de femmes accentuent la mélancolie, la nostalgie de ce qui viennent pour se libérer. Ce lieu plein de mystère auquel se remonte des partages incessants de dialogues, des verres d’alcools, des bières d’alcôves, des musiques de Troubadour et populaire est une rue ou se cache des tohu-bohus de fleurs et arbres aquatiques encadrant les huttes. Ils abritent des souvenirs que des gens ont échangés pour se satisfaire.
Que chacun se satisfasse l’un l’autre au profit du quotidien ! Chacun d’eux gagnent leur quotidien en respectant l’un l’autre.


Le vendeur de banane au peril de sa vie !

Il est vendeur de banane. Noir et serein. Son désir de survivre et de nourrir les autres lui met en un suicide unique dont seul le ciel sera témoin vivant en premier lieu de sa mort. Si le vide devient son point de suspension pour son réceptacle mort delà même le chauffeur ne se rendra pas compte.

Bonhere
Bonhere
Sur le dos de la camionnette, cherchant le chemin au-delà des pensées perdues dans la broussaille, il joint solitairement le vide de la ville avec tous ses penchants courbaturés. Perdu et grinçant de repli de lui-même, la gageure de ne rien apporter le hantait ! Chacun des flots de la brise suspendue du haut du ciel, l’époumonait à des vergers de sable frappant son visage, l’étouffait de sentiments de peur et de crainte, ces sentiments nourrissant le deuil des souvenirs qu’il n’a rien laissé à la maison. Ce qui lui conjure le mauvais sort de l’oisiveté dont saurait s’endormir ses veines, son corps, et son âme. Dispersif et mutant, ce regard qui l’occupe est tel un obturateur prenant le cliché du ciel belliqueux avec sa prière matinale.
Bondieu des pauvres plus haut que ceux des carrefours. Bondieu de ce qui mugit dans le deuil et la souffrance, tiens-moi et fructifie mes mains afin de nourrir mon hutte et mes besoins de ta besogne larguée en mes pauvres siens.
Cette prière matinale, celle qui semble catégoriquement construire l’idéal du cas marginal de Dieusibon est vraie et réelle destinées. Ce qui lui tient encore en vie… cet homme bananier, largué en une chute libre et une suspension des forces de la physique, le contraignaient à se maintenir encore, car il est gardien de ses progénitures et d’une colonie à nourrir de ses venteuses mains. Sur le toit de cette voiture, le vent devient compagnon de solitude et défie tout humain, les grains scintillent, l’ouragan se forme dans la colère et le soupir exaltant de ce qu’il vit. Sortant de l’Arcahaie (route nationale 2) vers le département de l’Artibonite, lieu où s’est cousu le drapeau de l’indépendance de la première république noire, cette région où les bananeraies forment le chantier serré et à intervalle distance telle une forêt de monde où gît le fossé mortel. L’homme qui teint son charme, sa vie avec le vide et les illuminations des corridors métropolitains du haut de sa tête, il est l’homme au combat, l’homme du marché ; celui qui nourrit les gens du commun et les grands templiers de la bourgeoisie, celui qui nourrit matinalement nos corps en énergie et en fibre.
Là-haut sous le ciel enrhumé, j’entendis des chats miaulant, des moucherons infestés les chemins ennuyeux de la digue. J’entendis le vrombissement des feux rouges de la circulation. Plus j’entendais, plus je voyais l’homme fuir ma photo, mon objectif, mon obturateur du moment.
Arrivant au seuil de la capitale d’Haït, le suspendu revêt les gardes de son cœur de doux suspens que ne nul ne pourrait lâcher sans mot dire. Au tenant de cette poursuite, cette cargaison bien remplie couvrant l’ombre de l’intérêt qu’elle fournira, ce suspendu non chômeur m’a confié des idées assombries de son profil, de l’être qu’il suit chaque jour en lui-même.Je m’appelle Dieusibon, tenant à ma compagnie sept enfants naissant à ma ville natale où les bananiers ont vu le jour. Je suis cultivateur, paysan de nature et marchand ambulant. Depuis ma naissance, je travaille sur cette voiture marquée Bondye bon1, on m’a confié la tâche la plus noble et la plus suicidaire de toute ma vie. Chevaucher une voiture pleine de bananiers depuis mon enfance jusqu’à mes 30 ans actuelle. Voilà cette marque de faiblesse lancinante !
De quoi cette tâche est-elle la plus noble et la plus suicidaire de toute ta vie ? Pourquoi ce nom ?
Mon nom m’est donné suite à la mort de mon père qui était ouvrier de cette même tache sur cette embarcation tenant plus sa décennie qu’elle roule sur cette route se menant de l’Arcahaie à Port-au-Prince. Après sa mort, enceinte de deux enfants, j’ai failli avoir une vie en garde face aux crises épileptiques de ma mère. Delà j’ai eu le nom Dieusibon, car Dieu était si bon pour ma mère, m’a-t-elle confiée… Teinté de ce nom qui m’a construit pas mal de tourments qu’un havre de paix, j’ai su en grandissant que je devenais un jour comme mon père, ouvrier et marchands de banane.
Nombreuses sont les familles traditionnelles dont les enfants aînés commencent à nourrir et tiennent la relève dans la tâche qui convenait à leur parent surtout celle de leur papa (père). Aujourd’hui cet homme bananier est une photo recroquevillée entre le suspens du temps et les voiles bergères du Dieu qu’il sert, car nulle porte ne s’ouvre tant qu’elle n’a pas été construite. Sa porte a été ouverte, celle de l’exclusion, de la marginalité, celle qui lui met l’âme au contact funeste chaque jour, à chaque voyage alors qu’il nourrit plus d’un. Malgré que l’éducation gratuite ou l’alphabétisation des vieillards a été un fable où les bancs même d’un chaume n’ont pas été faits pour lui apprendre à lire et à écrire afin de mieux comprendre ce dont il doit accomplir.
Enfin cette double pénalisation qu’il doit subir dans sa vie, celui du sort marginal et une mort encombrante qui le chante chaque jour ses refrains est loin d’être de sa demeure…
Qu’il soit en Haïti ou en Afrique, et même plus loin, ils ne savent pas qu’ils ont été exclus mais cet homme reflète la vie de bien d’entre nous (soient nos parents ou grands-parents) qui risque leur vie pour nourrir, entretenir une hutte familiale. Dieusibon qui compte beaucoup pour sa famille rend l’âme dès son départ sur le toit de cette voiture, il sèche sa peau au soleil de la survie malgré qu’il bouge et parle, regarde partout.
Aujourd’hui beaucoup risquent leur peau sur la voile du suicide programmé au bord des routes, des avenues, des frontières, de rues endormies dans la plaine des idées suspectes. Voilà un d’entre nous !
1. Bondye bon : C’est un mot créolophone qui marque la compassion, la marque de pitié et de bonté que Dieu a en son égard.